Acromioplastie
L’acromioplastie est un geste chirurgical décrit il y a déjà longtemps par de nombreux chirurgiens et popularisé par un des précurseurs de la chirurgie de l’épaule qui était Charles Neer. Le geste consiste à modifier la forme de l’acromion en supprimant son aspect courbe et crochu et éventuellement en le raccourcissant légèrement.
Cette intervention est un paradoxe puisque la théorie sur laquelle elle était justifiée n’est maintenant plus d’actualité. L’acromion était sensé abimer le tendon sous jacent par son côté pointu alors que l’on sait maintenant que c’est l’acromion qui prend cette forme par réaction à la souffrance tendineuse de la coiffe des rotateurs sous jacente. Néanmoins, l’acromioplastie popularisée par Neer s’était révélée efficace, ce qui semblait justifier cette théorie. Elle reste efficace mais il est difficile d’en apprécier l’exacte importance car le geste est rarement réalisé de façon isolée/ Au cours de l’arthroscopie, est presque toujours associé, soit une réparation de la coiffe des rotateurs, ou une ténotomie du biceps dans les coiffes non réparables ou à une ablation de calcifications. La synovectomie, le débridement, la rééducation post-opératoire, également associées, participent au résultat de ce geste. Cette difficulté à expliquer l’efficacité de l’acromioplastie se reflète dans les théories avancées actuellement sur le mécanisme et l’efficacité de celle-ci. On imagine aisément que l’agrandissement de la voûte ostéo-ligamentaire acromio-coracoïdienne facilite le passage d’une coiffe modifiée ou inefficace de même que l’on traite un syndrome canalaire par ouverture du canal comme dans le syndrome du canal carpien ou les ténosynovites digitales de type doigts à ressaut. D’autres théories ont été avancées comme la dénervation liée à la désinsertion du ligament acromio-coracoïdien qui réalise une certaine dénervation de cette région, la synovectomie associée. La dernière théorie en cours d’évaluation est celle du Dr Gerber. Celui-ci considère qu’un acromion court améliore la coaptation de la tête humérale et son recentrage par le deltoïde qui a un meilleur moment d’action alors qu’un acromion long transfert cette charge, principalement la coiffe des rotateurs expliquant une usure et une fatigabilité de celle-ci plus précoce. L’acromioplastie est donc particulièrement indiquée en cas d’acromion très large et débordant. Enfin, il est toujours possible qu’un acromion devenu très hypertrophique, très pointu à la réaction ostéophytique exubérante, puisse secondairement, faire souffrir la coiffe des rotateurs. Quoiqu’il en soit, l’exploration arthroscopique qui est la règle confirme, la plupart du temps, un aspect très irrégulier et conflictuel entre la partie antéro-inférieure de l’acromion et la coiffe des rotateurs et l’acromioplastie qui est un geste simple, la plupart du temps efficace en pratique. Cette acromioplastie doit toujours être faite sous arthroscopie car les complications sont moindres et il existe une recommandation de l’HAS dans ce sens (La vidéo de l’acromioplastie est visible dans la rubrique : Rupture de coiffe, car elle fait partie du traitement de celle-ci). Isolée, elle n’implique pas d’immobilisation particulière. Une technique chirurgicale conventionnelle à ciel ouvert ne permet pas de faire un bilan complet des lésions qui peuvent être associées et découvertes au cours de l’arthroscopie. La chirurgie conventionnelle fragilise le deltoïde qui est un muscle fondamental qui est très important pour les reprises éventuelles en cas d’échec éventuel. Elle nécessite une immobilisation facteur de raideur qui peut être plus péjorative que la souffrance ayant justifié l’acromioplastie.
En pratique l’acromioplastie arthroscopique est un geste pragmatique, simple, efficace, mais dont le mécanisme d’action reste sujet à controverse illustrant bien la maxime d’Albert Einstein ci-dessous. « La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi »
Albert Einstein